Chambriste, claveciniste, chanteuse et compositrice vénitienne virtuose, Anna Bon connaît une carrière étonnamment fructueuse pour une femme de son époque. Elle voit le jour dans une famille musicale et artistique : son père est très respecté en tant que peintre, scénographe et peut-être même librettiste, et sa mère fait une carrière internationale de chanteuse. On en sait peu sur son enfance, mais il est probable que ses parents l’aient inscrite à l’Ospedale della Pietà de Venise, pendant qu’ils se produisaient dans les villes et les cours les plus prestigieuses d’Europe, dont celle de Frédéric le Grand.
En 1755, on retrouve toute la famille Bon à la cour du margrave Frédéric de Bayreuth et de sa femme Wilhelmine, sœur de Frédéric le Grand. C’est là qu’Anna compose ses trois opus, le troisième étant publié juste après la mort de Wilhelmine et le déclin subséquent de la vie musicale à Bayreuth. Elle travaillera par la suite à la cour des Esterházy, puis on la retrouve en 1767 à Hildburghausen, avec son mari, le chanteur Mongeri. Bien qu’Anna ne joue pas elle-même de la flûte, ses protecteurs à Bayreuth sont des flûtistes accomplis. Ainsi, parmi le petit nombre d’œuvres d’elle qui nous sont parvenues, celles écrites pour la flûte se démarquent, mettant en valeur la virtuosité et l’élégance de l’instrument. – Andrea Stewart |