Anne-Louise Boyvin d’Hardancourt Brillon de Jouy vient au monde dans une famille parisienne aisée, en 1744. Considérée par Charles Burney, célèbre historien de la musique de l’époque, comme « l’une des plus grandes dames du clavecin en Europe », elle fait régulièrement salon dans sa demeure parisienne, y présentant des soirées de concert où elle joue ses propres compositions au clavecin ou au piano-forte. On y croise nombre de musiciens renommés, parmi lesquels Luigi Boccherini, qui lui dédie un recueil de six sonates. Une grande partie de ce que l’on sait d’elle provient de la correspondance qu’elle a entretenu avec son ami et voisin pour un temps, Benjamin Franklin, qui l’admirait grandement.
Malgré ses quelque 90 œuvres, surtout de musique de chambre, elle semble n’avoir jamais ressenti le besoin de les faire publier ni de les jouer en public; pour elle, comme pour bien des femmes de son rang, la musique était un passe-temps privé, voué à n’être partagé qu’avec famille et amis. La Révolution française met un terme à ses concerts de salon et la force à garder profil bas, tout en voyant aux besoins et à la sécurité de sa famille. Elle meurt en 1824 à Villers-sur-Mer dans le Calvados, en Normandie. – Rona Nadler |